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Entre tristesse et ironie
Entre tristesse et ironie
Teen
Published 4 days ago
1.3 K
2
Maelys
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16h45

New jersey

La pluie tombait drue, glaciale et incessante, frappant les parapluies noirs des invités rassemblés autour du cercueil. Chaque goutte semblait peser davantage sur les épaules déjà lourdes de chagrin. Le ciel, sombre et bas, semblait se pencher sur la cérémonie, comme pour observer, impassible, la détresse des vivants. Pourtant, au milieu de ce silence humide et pesant, certains éclats de voix brisaient la gravité. Un rire étouffé, nerveux, surgissait parfois, maladroit, comme un geste involontaire pour chasser la douleur, pour se protéger de l’intensité de la perte.

Le cercueil reposait là, simple, recouvert de quelques fleurs blanches délicates, fragiles contre la pluie battante. La famille la regardait en silence, les yeux rougis et humides, serrant dans leurs mains des mouchoirs trempés. Les souvenirs les traversaient comme des vagues glaciales : les éclats de rire du défunt, ses maladresses, ses paroles qu’on aurait aimé retenir, ses absences qu’on avait cru pouvoir ignorer. Tout revenait maintenant, cruel et inexorable.

Un jeune homme, proche du défunt, la voix étranglée par les sanglots, murmura : « Il… il ne reviendra jamais… ». Un autre, plus éloigné, tenta un sourire nerveux et commenta à voix basse : « Eh ben… au moins, il a pas eu à voir sa dernière facture d’électricité… ». Quelques regards se tournèrent vers lui, certains choqués, d’autres, plus jeunes, étouffant un rire en essayant de cacher leur malaise. L’ironie de la situation leur échappait, mais le besoin de respirer dans ce poids insoutenable les poussait à ce geste maladroit.

Le prêtre, figé devant le cercueil, essayait de prononcer des mots de consolation, mais sa voix semblait se perdre dans l’air humide. « Que le Seigneur l’accueille dans la lumière éternelle… », dit-il, mais le souffle du vent avalait ses paroles, et un rire nerveux éclata à nouveau derrière lui, rapide, étouffé, comme si la tristesse était trop lourde pour être tenue seule. La cérémonie devint alors un étrange mélange de pleurs et de rires mal placés, de regards fuyants et de mains tremblantes.

Une femme plus âgée, essuyant ses larmes, murmura : « Il aurait détesté qu’on pleure autant… ». Un jeune invité, incapable de contenir son inconfort, ajouta : « Ouais… il nous aurait sûrement fait une blague… genre cacher un canard dans sa tombe… ». Un rire nerveux parcourut le groupe. La famille, au bord de l’effondrement, détourna le regard, tandis que quelques autres secouaient la tête en essayant de retenir un sourire, incapables de concilier leur peine et l’absurdité des paroles.

Un vieil ami s’approcha du cercueil, la main tremblante, et déposa un bouquet de lys blancs. Ses yeux étaient rouges, et chaque respiration semblait douloureuse. « Je n’ai jamais su dire au revoir… », murmura-t-il. Mais derrière lui, un autre invité chuchota : « Au moins, il a pas eu à voir ce qui se passe à la télé… ». Un rire étouffé éclata, cette fois plus audible, et le contraste frappa ceux qui pleuraient. La douleur se mélangeait à l’inconfort, les larmes à l’incrédulité : certains ne savaient plus quoi ressentir.

Les enfants, trop jeunes pour comprendre, observaient ce mélange étrange. Un garçon demanda timidement à sa mère : « Pourquoi ils rient ? » Elle serra sa main, incapable de répondre, et lui murmura : « Parfois, les gens rient quand ils ont peur de pleurer… ». La pluie continuait de tomber, glissant sur leurs joues et sur le sol détrempé, et le vent semblait murmurer des secrets que personne ne voulait entendre.

Le cercueil fut lentement abaissé dans la terre, chaque geste solennel, précis, mais le contraste de la cérémonie était palpable. Des sanglots s’élevaient d’un côté, des rires nerveux de l’autre. Un jeune homme chuchota à son voisin : « J’espère qu’il a au moins un bon oreiller là‑dessus… », et un petit groupe éclata de rire, honteux mais incapable de résister. Les pleurs des proches résonnaient comme un écho aux rires, chaque émotion se heurtant à l’autre, créant une tension insupportable.

Une femme, tenant une photo du défunt, éclata en sanglots, tandis que derrière elle, un invité plus âgé commentait : « Au moins, il pourra pas m’embêter pour mes dettes maintenant… ». Le mélange de tristesse pure et d’ironie cruelle rendait l’atmosphère presque tangible, chaque respiration semblant trop lourde pour être portée. Les larmes se mêlaient à la pluie, et les rires nerveux à la douleur, comme si le monde lui-même ne savait pas comment réagir face à cette perte.

Le prêtre reprit la parole, essayant de ramener l’ordre et la solennité, mais ses mots semblaient vains. « Que son âme repose en paix… », dit-il. À ce moment, un invité murmura : « J’espère qu’il a emporté son sandwich… », et un rire léger se répandit. Certains détournaient les yeux, incapables de comprendre comment on pouvait rire à ce moment précis, tandis que d’autres laissaient échapper un sourire malgré eux, partageant le désarroi d’une humanité imparfaite.

Le vent soufflait à travers les arbres, apportant des frissons glacés sur les visages humides. Chaque souvenir revenait avec force, chaque geste du défunt semblait présent dans l’air. Les convives qui riaient se sentaient coupables immédiatement, mais le chagrin, si lourd, avait besoin d’un soupir, d’une pause, et le rire maladroit, même irrévérencieux, semblait être ce soulagement impossible. L’enterrement devint un théâtre de contradictions : pleurer et rire, souffrir et se moquer, tout à la fois.

Un vieil homme, tenant son chapeau trempé, s’approcha du cercueil et murmura : « Je n’arriverai jamais à m’y faire… ». Derrière lui, une voix chuchota : « Il nous aurait bien fait un tour de passe-passe… comme d’habitude… ». Le silence se fit, seulement brisé par le clapotis de la pluie et les sanglots étouffés, mais dans ce bref instant, chacun ressentit la fragilité de l’existence et l’ironie cruelle de la vie. Le rire nerveux n’était plus ridicule ; il devenait une manifestation de la peur, du vide et de l’impuissance face à la mort.

Les enfants observaient, fascinés et confus. « Pourquoi ils rient et pleurent en même temps ? » demanda une fillette à voix basse. Sa mère secoua la tête, incapable de répondre autrement que par un souffle tremblant : « Parfois, la tristesse est trop lourde… alors les gens rient pour tenir le coup… ». Les yeux de la fillette s’embuèrent, et elle serra sa poupée contre elle, comprenant à sa manière que la vie pouvait être cruelle et injuste, mais étrangement drôle pour certains.

Les fleurs trempées posées sur le cercueil s’assombrissaient sous la pluie, comme si elles aussi partageaient cette ambivalence : beauté et tristesse, fragilité et impermanence. Chaque goutte tombée semblait ponctuer la cérémonie d’un rythme douloureux. Les rires nerveux persistaient, parfois plus audibles, parfois étouffés, mais toujours présents, rappelant que la douleur ne pouvait être contenue, que l’émotion ne pouvait être dirigée selon des règles précises.

Le cercueil disparut finalement sous la terre, et un silence profond s’installa, lourd, presque écrasant. Les larmes continuèrent à couler, mais les rires étouffés résonnaient encore dans l’air humide, incongrus et impossibles à ignorer. Un dernier souffle de vent fit trembler les arbres, et chaque convive sentit l’empreinte indélébile de la perte, renforcée par cette humanité imparfaite, incapable de rester uniquement dans la douleur.

Les visiteurs restants s’éloignèrent lentement, certains pleurant toujours, d’autres tentant de rire pour masquer leur malaise. La tombe désormais recouverte de terre semblait dormir, mais dans le cœur des vivants, une tempête silencieuse continuait à gronder. La cérémonie, bien que terminée, avait gravé dans chaque souvenir un mélange de tristesse et de contradictions, de peine et de rires maladroits, comme un écho de l’imperfection humaine face à la fin inévitable.

Et alors que le dernier convive disparaissait à l’horizon, une voix murmura dans le vent : « On ne s’ennuie jamais avec lui… », et un rire lointain, fragile et incertain, sembla lui répondre. La pluie avait cessé, laissant derrière elle un monde humide et silencieux, mais rempli de mémoire et de douleur. Les larmes et les rires, mêlés dans une étrange harmonie, continuaient de résonner dans le cœur de ceux qui restaient, rappelant que la vie et la mort étaient toujours indissociablement liées, dans la tristesse comme dans le rire maladroit..

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