Chaque seconde semblait durer une éternité. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Ses mains tremblaient, la gorge sèche… . Et si ses efforts ne servaient à rien ?

La tête au-dessus du cuivre des toilettes regurgitait ce qu’elle n’avait pas mangé. C’était la troisième fois. La nuit avait été longue et douloureuse ; elle n’avait pas fermé l’œil. Dans l’obscurité, elle voyait son château de cartes s’écouler. Dans son lit, son esprit tourbillonnait comme une spirale.

Elle ressassait toutes ses erreurs :

avait-elle mis un point ?

Avait-elle souligné ?

Est-ce que j’ai fait ci ?

Est-ce que j’ai fait ça ?

C’était comme ça qu’elle avait passé la nuit : entre nausées, vomissements et pensées obsédantes.

Les mains toujours moites, la gorge toujours nouée, elle se servit un verre d’eau. Rien n’y faisait. Le visage cerné, la langue lourde, le cœur à une vitesse maximale, et la migraine due à l’insomnie. Oui, aujourd’hui, elle allait affronter sa plus grande peur.

Face à l’ordinateur, elle n’osait pas l’ouvrir. L’écran noir la fixait. Elle se posait encore des questions : J’ai peur. Et si j’avais échoué ? Et si je m’étais plantée sur tout ?

Elle se leva brusquement, posa une main sur son cœur, tentant de reprendre son souffle, qui refusait de revenir. Elle retourna sur son lit, évitant de voir la vérité en face. Sous le drap, elle fondit en larmes, tremblant comme si le monde se retournait contre elle.

Un bruit la fit sursauter.

—Eh, ma chérie, as-tu vu Tes résultats ? demanda sa mère derrière la porte. Elle n’osa pas répondre. Elle sentait qu’elle avait échoué et qu’elle serait déçue.

Dans un élan de panique, elle saisit l’ordinateur et le fracassa contre le mur. Sa mère hurla derrière la porte, frappant à nouveau.

—Ça va ?

Elle voulait répondre, mais aucun mot ne sortit. Elle s’étouffait. Sa peur était en train de la tuer.

Elle se répétait sans cesse :

—Je n’ai pas fait assez. Je n’ai pas fait assez. Je n’ai pas fait assez. Tout le monde va m’en vouloir. Tout le monde sera dessus.

Dans un dernier élan, elle s’enferma dans la salle de bain, s’écoulant en larmes derrière la porte.

Note de l'auteur

Les parents ne se rendent pas compte de la pression qu’ils mettent sur leurs enfants. À cause de cette peur, la peur de l’échec se développe et ronge.

Cette histoire reflète ma propre peur. La peur de l’échec, la peur de ne pas être assez. Peu importe mes ambitions, je pourrais échouer. Parce que ce n’est jamais assez. Ressasser ses erreurs ou ses échecs fait partie de cette peur.

À tous ceux qui liront ce texte, j’aimerais vous dire : vous n’êtes pas seuls. Avoir peur d’échouer ne devrait pas empêcher de réaliser ses rêves ni ses ambitions. Et si vous avez besoin de parler, parlez à quelqu’un de confiance. Si vous êtes comme moi, plutôt silencieux, écrivez. L’écriture, le dessin ou la peinture sont des moyens puissants d’exprimer nos émotions et nos peurs.

Merci d’avoir lu.