Ma chère Val,
J’ai retrouvé ton adresse par hasard en triant la paperasse, j’espère que tu ne l'as pas changée.
Cela fera dix ans que nous nous sommes perdues de vue dans quelques jours.
Dix ans que je ne dors plus, dix ans que chaque matin à le goût de la solitude et du désespoir.
Je me doute que beaucoup de choses ont changé de ton côté, peut-être as-tu été capable de tourner la page ?
Voici ce qu'il m'est arrivée pour ma part :
J'ai rencontrée ma compagne, Meï, un an après que nous ayons coupé contact.
Quand c'est arrivé, j'ai pensé à toi.
Nous avons adopté un chien, un beau golden retriever que nous avons décidé de l’appeler Neige. Je ne me suis souvenue qu'après que tu avais nommé ta peluche ainsi. Drôle de coïncidence.
Ce jour-là, j'ai pensé à toi.
Nous avons visité l'Espagne, le Maroc, l'Écosse, l'Angleterre et l'Inde.
À chaque fois que je voyais une boutique de souvenirs, je pensais à toi.
Je me suis teint les cheveux en violet, tu avais raison, ça m'allait parfaitement. Je les ai gardés pendant deux ans jusqu'à ce que mes cheveux commencent à faire la tête.
Quand je me regardais dans le miroir, je pensais à toi.
Pour mes vingt ans, Meï m'a acheté une voiture. Une Peugeot rouge pétante. Je n'avais pas le permis et j'ai foncé dans un fossé.
Quand la dépanneuse est arrivée, je pensais à toi.
J'étais une grande casanière, tu te souviens ? Après que tu sois partie, je ne suis plus jamais restée plus d'une journée enfermée. Je te cherchais partout dans la foule, dans les rues désertes, dans tes boutiques favorites.
Tous les jours, je pensais à toi.
Je n'ai pas assez d'une lettre pour tout te raconter, je prie pour que tu me répondes !
Avec tout mon amour,
Em.